BERTRAND GILLES, COMME UN AIR DE FAMILLE

Ce printemps, Bertrand Gilles a succédé à Richard Lazurowicz à la présidence du MEDEF 86. Depuis 2011, cet ingénieur arts et métiers de formation partage, avec deux de ses trois frères, la direction de l’entreprise SECATOL de Saint-Benoît, elle même fondée il y a trois quarts de siècle par le grand-père paternel. Au royaume de la modernité, les valeurs d’origine perdurent

Au pas cadencé pour faire le tour de son usine comme assis à la table des confessions, il ne se départ jamais de son sourire. L’entendre parler du temps qui passe, de sa boîte, de LA famille redonnerait de la joie à n’importe quel naufragé des sentiments. Ainsi est Bertrand GILLES, 50 ans sonnants, amoureux de l’existence et de ceux qui la partagent, ouvert sur le monde et l’enthousiasme de la rencontre. « Que voulez-vous que je vous dise, oui, la vie est belle ! »
Et pourtant, hier encore -c’était en 2019-, cette vie-là arrachait à l’affection des siens tonton Claude, frère de papa Yves-Noël, avec lequel il présida, trente-trois années durant, aux destinées de la Société d’Etudes de Construction et d’Application à la TÔLerie. « Avec le départ de notre oncle, c’est un pan de l’histoire de l’entreprise qui s’est effondré, mais SECATOL elle-même est restée debout, rappelle Bertrand. Nous ne pouvons lui rendre meilleur hommage que de pérenniser son oeuvre, l’oeuvre de notre père et celle de notre grand-père avant eux. »
L’aveu est fait sans ciller. S’il devait en faire la demande à ses frères, Pierre-André, 45 ans, directeur général comme lui, et Guillaume, 41 ans, directeur commercial, sûr qu’ils le partageraient. « Il est rare que nous ne soyons pas d’accord, mais quand c’est le cas, nous trouvons toujours une solution, sourit encore l’aîné. La force de SECATOL aujourd’hui, elle est là, dans cette capacité à prendre les décisions à trois, rapidement, sereinement, en toute harmonie. Je ne sais pas si les exemples sont nombreux de boîtes comme la nôtre, avec cinquante employés, dirigées par trois frères aussi complémentaires et soudés. » Pour un peu, Bertrand se pincerait pour y croire. « Des fois, je me dis qu’on est des extra-terrestres ! »

L’union fait la force

Soixante-quinze ans après que papi Auguste a largué les amarres, ses héritiers font toujours la part belle à l’anticipation et à l’innovation. À cette qualité sans cesse soumise à l’épreuve du jugement populaire. À ces dépôts de brevet qui sont la marque de fabrique de SECATOL, spécialiste européen du matériel d’entreprise pour la manutention et la mise en place du béton sur les chantiers du BTP. À cet esprit d’entreprendre, aussi et surtout, qui conditionne chacun de ses choix. « Il faut toujours avancer pour ne pas reculer », martèle Bertrand.
Respectueux de l’histoire et de ceux qui l’ont écrite, les frères Gilles (seul Thibaut n’a pas emprunté la même voie, mais n’en est pas moins chef d’entreprise et proche de SECATOL !) s’échinent également à maintenir intacte la flamme de l’altruisme, devrions-nous écrire de l’humanisme. Autant de valeurs qui font de la PME de Saint-Benoît une entreprise familiale jusque dans les relations nouées avec chaque collaborateur et l’engagement solidaire dont elle fait preuve à l’extérieur. « C’est aussi à notre faculté à sortir régulièrement de la « boutique », à nous investir personnellement dans des organismes et institutions locales, des causes humanitaires, à nous impliquer dans des projets environnementaux, à faire de la RSE pure et dure, que je mesure notre chance d’être à trois, appuie Bertrand. Une chance ? Que dis-je, un luxe ! »
Depuis avril, c’est pourtant seul que ce dernier se retrouve aux commandes du MEDEF 86. Enfin presque. « Quand vous voyez le travail et la solidité des femmes et des hommes en place, vous vous sentez rassuré, apaisé. Vous savez que vous pouvez compter sur eux. Bien sûr que j’ai des interrogations, peut-être même des doutes, mais aucune peur. L’institution est bien rodée. »
Au relais de Richard LAZUROWICZ, dont il partage la simplicité et l’aménité, Bertrand s’est promis de maintenir le cap d’une détermination sans failles. D’accompagner au mieux les entreprises du territoire dans les mutations, économique, environnementale, énergétique, numérique mais aussi sociétale qui s’imposent à elles. De continuer à les former et à les informer. De les aider à se rencontrer, à apprendre les unes des autres. « Et puis, conclut-il, je me ferai fort d’entretenir ce que mon prédécesseur et ses équipes ont noué dans la durée, de vraies relations de confiance avec tous les acteurs économiques, politiques et institutionnels du territoire. Cette entente, cette fusion des compétences, ce soutien mutuel…, la Vienne ne les a pas toujours connus. Il est d’autant plus essentiel d’en perpétuer la flamme. »
L’union qui fait la force ? Décidément parfois bien plus qu’un simple adage populaire. Le sillon d’une vie bien menée pour le nouveau patron des patrons de la Vienne.