PAMELA BRYANT, LA DYNAMIQUE DE MOUVEMENT

Après des années de questionnement, Pamela Bryant a trouvé sa voie au détour d’une rencontre. Depuis la création, en 2010, de Deastance Services, première entreprise adaptée de la Vienne, et seule encore à ce jour à œuvrer dans le secteur tertiaire, la plus poitevine des Anglaises se sent enfin « à sa place ».

En Grande-Bretagne où elle est née, vit une partie de sa famille. En Angleterre où elle a grandi jusqu’à ses 5 ans, s’exprime encore l’amour d’un frère. De son pays d’origine, Pamela BRYANT a conservé des bribes de souvenirs et de fidèles attaches, la nationalité et la maîtrise de la langue… De sa double appartenance identitaire ? Un don certain pour l’ouverture. À 38 ans, l’enfant de Northampton cultive plus que jamais ce goût très tôt révélé pour l’échange et la générosité. Deastance Services est à cette image. À son image. Entièrement tournée vers la quête de l’autre, l’enrichissement par l’autre. « Pendant des années, assume-t-elle, j’ai pensé que ma passion pour le cheval devait être le fil rouge de mon existence. Avec le temps et l’expérience d’une rencontre qui a servi de déclic, je me suis rendu compte que la dimension sociale en était une composante autrement essentielle. » Cette rencontre-là remonte à 2009. La fin des atermoiements. Des allers-retours intempestifs entre ses premières amours pour l’équitation et ses inclinations commerciales, la France et l’Angleterre, la Thaïlande, où vit son père, et l’Australie, où aime la recevoir sa sœur. Cette rencontre, ce fut celle du patron d’une entreprise adaptée du Sud-Vienne, Delta 86 pour ne pas la citer. « L’entretien a agi comme une révélation, rappelle, léger trémolo d’émotion dans la voix, Pamela. Pour la première fois en vingt-cinq ans, l’âge que j’avais à l’époque, le sentiment d’avoir trouvé ma voie a envahi mon esprit. » L’embrasement fut un point de départ. Près de treize années ont passé et la flamme de la passion se veut toujours aussi ardente. « Quand je vois le chemin parcouru, je me dis que tout est allé très vite et bien au-delà de mes espérances. » Et comment ! Un collaborateur aux prémices. Soixante et un, dont trois quarts de personnes en situation de handicap, aujourd’hui. Le double, promet la patronne, demain !… « Ce n’est pas tant le nombre qui m’importe, assume-t-elle, mais le sens donné à leur travail. Cette capacité des uns et des autres à montrer que certains obstacles ne sont pas insurmontables, qu’ils peuvent réaliser ce qu’ils se pensaient peut-être, pour certains, incapables de réaliser. Ce devoir de transmission, aussi, qui plane dans cette boîte comme une obsession à faire faire et à faire faire bien et mieux. »

La flamme de l’enthousiasme

Pendant des années d’errance, l’ado du pays civraisien comme la bachelière STT (aujourd’hui STG), la monitrice d’équitation comme la conseillère en formation, la caissière à But comme la vendeuse en photocopieur Xerox s’est cherchée jusqu’à craindre de se perdre, un peu. Jusqu’à douter de l’avenir, beaucoup. Jusqu’à goûter, éperdument, surtout, au sel du réconfort. C’était il y a treize ans. Depuis lors, Deastance Services berce ses illusions sans jamais les altérer. Ses velléités de changement d’autrefois, elles, ne sont plus que souvenirs. « Je crois que ce que l’on me reconnaît le plus ou, en tout cas, ce que j’aimerais que l’on me reconnaisse le plus, c’est mon enthousiasme. Grâce à lui, je reste en mouvement. C’est ce qui me fait avancer. » Son entreprise adaptée, autrefois spécialisée dans le secrétariat, le commerce et le marketing, aujourd’hui positionnée sur le service administratif, la relation client, la rédaction web et la transcription audio, s’est avec le temps enrichie, mouvement oblige, de la création d’une holding, Maitri & Co, et d’un centre de formation, « l’école atypique ». Sa particularité ? Proposer des enseignements adaptés à tous ces gens qui, au nom du handicap, d’une rupture sociale, professionnelle, éducative, parfois même d’un déracinement familial et/ou d’une mise au ban de la société, sont jugés ou se sentent « différents » et pourtant désireux d’apprendre. « Chacun a ce droit à la chance, insiste Pamela. Chaque jour que je vis depuis treize ans, je me dis que si je peux moi-même la donner, cette chancelà, au plus grand nombre, eh bien j’ai tout réussi. » Une jeunesse de tâtonnements pour une vie de dévouement. À longtemps se chercher, l’on finit, parfois, par parfaitement se trouver !…