TOUS TOQUES DU TOKEN ?

Dans un monde de plus en plus digitalisé, qui voue à la blockchain
et aux cryptomonnaies un culte parfois immodéré, un nouvel actif
numérique fait fureur. Nom de code : NFT. « Non fungible token » dans
la langue de Shakespeare, « jeton non fongible » dans celle de Molière.
Les NFT pour les nuls, c’est ici et maintenant !…

Les NFT, c’est quoi ?

En droit, on dit d’une chose qu’elle est fongible lorsqu’elle « se consomme par l’usage» et « peut être remplacée par une autre ». Les « NFT » ou jetons non fongibles se distinguent justement des cryptomonnaies émises par une blockchain par leur caractère unique, non interchangeable, non reproductible et non divisible. Un bitcoin, par exemple, peut être remplacé par un modèle de même nature et de même qualité, comme l’euro, le dollar ou le yen dans un monde moins virtuel. Il en va
différemment du jeton non fongible, qui n’est substituable par aucun autre.

Le NFT s’apparente à un certificat de garantie de propriété exclusive d’un bien numérique (son, vidéo, texte…) lui-même exclusif.

Les NFT, pourquoi ?

Depuis leur démocratisation, au virage des années 2010 et 2020, les NFT ont vu leur champ d’utilisation s’élargir. Longtemps circonscrits au domaine de l’art, ils écument aujourd’hui bien d’autres horizons, comme les jeux vidéo, la finance décentralisée, l’immobilier, virtuel et réel, plus généralement encore l’objet de collection numérique. S’il continue d’aimer l’art au plus haut point, le marché est aujourd’hui progressivement envahi par des acquisitions surprenantes, pour ne pas dire farfelues, telles que des chansons, des noms de domaine, des clips vidéo et même des tweets ou des SMS…

La recherche de rareté s’est manifestée, dès la fin des années 2010, par une utilisation massive des NFT pour des jeux de cartes à collectionner, ainsi que pour des produits issus de l’art crypto. Dans le domaine, les personnages pixelisés des CryptoPunks, créés en 2017 par deux développeurs de logiciels US, ont soulevé un vent d’enthousiasme sans précédent

Les NFT, comment ?

À l’instar d’une très grande majorité de cryptomonnaies, les jetons non fongibles sont émis par une blockchain. La plus connue et la plus « prolifique » de ces bases de données décentralisées, qui présentent l’originalité d’être immuables, inaltérables et inviolables, porte le nom d’Ethereum. L’inscription et la numérisation des NFT sur cette chaîne de blocs attestent leur unicité et garantissent l’authenticité et la traçabilité des informations (date de la création, nom du créateur, précédents achats, ventes…) liées à l’œuvre qui leur est associée. L’origine et l’historique d’un NFT sont donc vérifiables et consultables par n’importe qui, falsifiables par personne.

Vous aurez compris que les NFT étaient des biens virtuels, tout à la fois collectionnables, échangeables, achetables et vendables. Il existe de nombreuses plateformes dédiées toute à la fois à la création, à l’achat et à la revente. Opensea, Nifety Gateway et leurs sœurs n’attendent plus que vous.

Les NFT, on va où ?

Dans un rapport de deux cents pages publié en juin 2022, Pierre Person, alors député LREM de la 6e circonscription de Paris, s’est penché sur la place de l’écosystème crypto dans notre quotidien, militant à l’occasion pour l’intégration des cryptoactifs dans l’arsenal législatif. Evoquant les NFT, il a notamment proposé de les utiliser comme garanties de la propriété intellectuelle et de l’authenticité d’une œuvre, en substitution des longues et lourdes démarches administratives en vigueur. La quête d’authenticité s’inscrivant au cœur du combat contre l’immobilisme, l’auteur de « Monnaies, banques et finance : vers une nouvelle ère crypto » a également suggéré que les prêts bancaires en cryptomonnaies et par là même le développement de la finance décentralisée deviennent rapidement des outils de lutte contre la fraude et l’opacité.