
Dans l'univers captivant du Futuroscope, un homme se distingue par son leadership discret mais efficace : Rodolphe Bouin. Directeur général du parc depuis 2018, il a su transformer ses compétences et sa passion pour l'humain en atouts majeurs pour le poumon économique du territoire.
Dans le bureau de Rodolphe BOUIN, au cœur du Futuroscope, l’atmosphère est à la fois sereine et électrique. Cet homme discret, presque effacé, dégage une aura particulière, celle des leaders qui n’ont pas besoin de hausser le ton pour se faire entendre. Originaire de Charente-Maritime, il a grandi entre Saintes, Royan et La Rochelle, dans un milieu rural qui a forgé son caractère. « Cultiver la terre, c’est dur, c’est compliqué, et il n’y a rien qui se mérite sans travail », confie-t-il, révélant une philosophie de vie ancrée dans l’effort et la persévérance.
Rodolphe BOUIN n’a jamais rêvé de projecteurs ou de paillettes. Son ambition, c’est le travail bien fait, la rigueur des chiffres, et l’humain avant tout. Après des études à l’Université de Poitiers, il intègre l’IAE et effectue un stage de fin d’études au Futuroscope en 2000. Recalé dans un premier temps, il obtient finalement sa place grâce à un désistement, au sein du service Attractions. Timide, introverti, il se fond dans le décor, mais ses compétences en gestion et son sens aigu de l’organisation ne passent pas inaperçus. « Je m’amusais à triturer des tableurs Excel », raconte-t-il avec un sourire, évoquant des formules toujours utilisées aujourd’hui dans la gestion des plannings.
D’abord contrôleur de gestion, il devient responsable du service Boutiques en 2005, puis directeur de l’organisation et des ressources humaines en 2009. En 2014, il est nommé directeur général adjoint, avant de prendre la tête du parc en 2018. Un parcours « 100% Futuroscope » qui témoigne de sa fidélité et de son engagement envers l’institution.
Au Futuroscope, Rodolphe Bouin a trouvé plus qu’un emploi : une famille. Il parle de ses collaborateurs avec une affection palpable, évoquant une « garde rapprochée » constituée au fil des années. « Je leur confie tout, y compris mes doutes », avoue-t-il, soulignant une confiance mutuelle qui transcende les hiérarchies. Cette dynamique collective, il l’a cultivée dès ses débuts, lorsqu’il gérait le département Boutiques comme une « petite entreprise dans l’entreprise ».
Le projet Vision 2025, un investissement colossal de 300 millions d’euros, est le fruit de cette collaboration. Réunis en conclave dans son bureau, Rodolphe et son équipe ont imaginé, planifié et livré, au cours des cinq dernières années des attractions, hôtels et nouveaux équipements emblématiques comme l’Aquascope, Objectif Mars, Chasseur de Tornades, Station Cosmos, Ecolodgee et, dans quelques semaines, Mission Bermudes… « On a été dans une boulimie de livraisons », reconnaît-il, mais derrière l’épuisement, on sent la fierté d’avoir mené à bien une mission titanesque.
Mars 2020, la pandémie frappe de plein fouet. Le parc ferme, les projets sont menacés. Rodolphe BOUIN se souvient de cette période comme d’une « apocalypse ». Mais il tient bon, enchaîne les journées de 8h à minuit, multiplie les coups de fil. « J’ai vécu deux années humainement compliquées », admet-il, mais le projet Vision 2025 est signé le 12 octobre 2020, malgré l’absence de chiffre d’affaires. Une victoire arrachée à la force du poignet, symbole de sa résilience.
Aujourd’hui, Rodolphe Bouin savoure les fruits de ce labeur acharné. Le Futuroscope rayonne, et lui, l’homme de l’ombre, savoure ces moments de répit en famille, loin des tumultes du parc. « Je m’oublie », dit-il, évoquant une carrière dédiée à l’institution qui l’a vu grandir. « Je suis tellement redevable à l’entreprise et à l’institution. Ils m’ont fait en tant qu’homme. »
À l’aube de ses 50 ans, Rodolphe BOUIN s’interroge sur l’avenir. « Je ne pourrai pas partir sur un coup de tête », assure-t-il, conscient des responsabilités qui pèsent sur ses épaules. Mais il envisage déjà une nouvelle phase d’investissements jusqu’en 2030, toujours fidèle à cette institution qui l’a tant façonné. « J’aime bien l’idée de porter un seul maillot dans sa carrière », confie-t-il, évoquant une loyauté rare dans le monde de l’entreprise.
Rodolphe BOUIN, c’est l’histoire d’un homme discret devenu leader, d’un timide transformé en orateur, d’un rêveur pragmatique qui a su insuffler une âme au Futuroscope. Un portrait en clair-obscur, où la lumière de la réussite côtoie l’ombre des sacrifices, mais toujours avec cette humanité qui le caractérise.
Il est également un père de famille, discret sur sa vie privée, mais qui n’hésite pas à passer des week-ends entiers à partager du temps avec ses quatre enfants, autour d’activités… singulières ! « Je suis excessif, il peut m’arriver d’acheter 50 kilos de viande et de passer mon week-end à faire des bocaux », avoue-t-il, révélant un côté passionné et généreux. Il aime le sport, mais le pratique « en mode bourrin » sans concession, comme tout ce qu’il entreprend. 5 marathons à son actif et un sixième prochainement, qu’il préparera en moins de 10 semaines, comme à son habitude.
Rodolphe BOUIN est conscient de l’influence du Futuroscope, bien au-delà des frontières de Poitiers. « Je sais que l’on est scruté sur le territoire, que la voix du numéro 1 du parc est écoutée » reconnaît-il, mais il prend cette responsabilité avec légèreté, préférant cultiver une forme d’insouciance créative. La politique ? « Non, mais vous êtes la troisième personne à me poser la question. Mais non », répond-il, balayant l’idée d’un revers de main.
Ce qui l’anime, c’est de créer de l’emploi, de changer des vies. « Depuis deux ans et demi, 230 personnes ont signé leur CDI », souligne-t-il avec fierté. Il veut poursuivre l’héritage de René Monory, fondateur du Futuroscope, et cultiver les valeurs humaines de l’entreprise. « Faire en sorte que collectivement, on soit un bon employeur, juste et sympa », résume-t-il, avec une humilité désarmante.
Rodolphe BOUIN, c’est en fin de compte l’histoire d’un homme qui a su transformer ses faiblesses en forces, ses doutes en certitudes, et ses rêves en réalité. Un dirigeant atypique, profondément humain, qui continue d’écrire l’histoire du Futuroscope avec passion et détermination.