Géraldine MUSSET : « La RSE est un outil de questionnement »

La dimension RSE est-elle, selon vous, connue, appréhendée et maîtrisée par toutes les entreprises que vous rencontrez ?

« Aucune TPE-TPI, aucune PME-PMI, aucun grand groupe, ne peut aujourd’hui ignorer l’importance de la RSE dans le développement et le fonctionnement même d’une entreprise. Il est toutefois évident que toutes ne sont pas au même stade d’avancée dans la mise en place d’outils et d’actions dédiés. Beaucoup d’entre elles, et c’est peut être là un frein à leur engagement, ne considèrent la RSE qu’à travers le prisme de la dimension environnementale. C’est réducteur et dangereux. La RSE, c’est bien d’autres choses. Du social, du sociétal, de l’environnemental, certes, mais aussi du management, de la gestion, de l’organisationnel, de l’aide à la mobilité, du marketing produit… La RSE, c’est intégrer toutes les dimensions de la performance pour renforcer la compétitivité de son entreprise et poursuivre un objectif de performance durable. »

“ La démarche RSE ne s’impose pas, elle se décide, se prépare, se peaufine… ”

Comment devient-on « RSE engagé » ?

« Selon l’activité de la structure, la démarche RSE prend des colorations différentes, mais elle a des racines profondes. Elle ne s’impose pas, elle se décide, se prépare, se peaufine… Dans tous les cas, elle se fait l’écho des valeurs défendues par le dirigeant. C’est lui qui impulse, qui donne envie et qui a la lourde charge, aussi, de fédérer ses collaborateurs, ses partenaires, ses fournisseurs et même ses clients autour du projet porté, de les impliquer au maximum, de les consulter, de leur permettre de se sentir acteurs du changement. J’ai l’habitude de dire que la RSE doit infuser, parce qu’elle invite à questionner son environnement et se questionner soi-même. C’est tout cela, la RSE : un outil de questionnement et d’amélioration continue devenu essentiel aux entreprises d’aujourd’hui. »

Quelle est la vocation des ateliers RSE proposés par VEE, le Medef et l’UIMM ?

« Pour chaque dirigeant, cadre, responsable qualité, responsable RSE (…) accueilli, nous proposons une série de quatre rencontres. Ces ateliers sont avant tout des terrains d’expression, de partage d’expériences et d’échange de bonnes pratiques. Le diagnostic que nous effectuons des forces et faiblesses des entreprises soutenues est très souvent révélateur de talents insoupçonnés. En réalité, nombre de dirigeants ou cadres dirigeants font de la RSE sans même avoir conscience que c’est de la RSE. La consolidation de ces points forts est une vraie planche de progrès que nous nous efforçons d’accompagner au mieux. »

“ En fait, nous sommes à la fois des révélateurs de talents et des facilitateurs de projets. ”

Et que faites-vous de leurs « points faibles » ? Quel soutien pouvez-vous leur apporter pour la mise en œuvre d’actions RSE ciblées que ces entreprises ne compteraient pas encore à leur plan de développement ?

« La norme ISO 26 000, premier standard international en matière de RSE, propose des lignes directrices, des pistes d’actions à engager pour une démarche pertinente. Notre rôle est d’aider nos interlocuteurs à rendre ces idées et solutions opérationnelles au sein même de leur structure. L’accompagnement est à la fois collectif et individuel, puisque devant répondre à des exigences et besoins particuliers. Pour cela, nous nous appuyons sur l’expertise d’un large réseau de partenaires capables de couvrir toutes les thématiques et spécificités de la RSE, de l’économie circulaire à l’intelligence artificielle, de la finance durable à l’écoconception, de la QVT aux achats responsables… En fait, nous sommes à la fois des révélateurs de talents et des facilitateurs de projets. »

D’une branche professionnelle à l’autre, des actions ciblées peuvent être menées et des outils proposés pour encourager les entreprises à s’engager dans une démarche RSE. C’est notamment le cas, dit-on, de la métallurgie, dont les ressortissants peuvent même prétendre à une labellisation. Vous confirmez ?

« Tout à fait. Et c’est même une nouveauté, puisque le label en question, baptisé « Plus engagés, plus performants », est sorti des cartons il y a quelques semaines.  Cette labellisation certifiante est en fait la suite logique, l’étape de confirmation de la charte d’engagement RSE créée par l’UIMM nationale en 2021. Pour aider les entreprises candidates à faire de la performance globale un levier de compétitivité et d’attractivité, l’UIMM propose, sur la base d’une immersion intra muros d’une demi-journée, la réalisation d’un diagnostic de maturité compatible avec la norme ISO 26 000, s’intéressant par là même à toutes les composantes et tous les enjeux de la RSE : gouvernance et stratégie, social et RH, développement produit, marché et services, production et impact environnemental, écosystème de l’entreprise… Ce diagnostic permet de mettre en lumière les forces et faiblesses de la structure, les pistes d’amélioration à explorer et les actions à envisager. La charte délivrée à l’issue de ce diagnostic engage le bénéficiaire pour une période de trois ans. A échéance, possibilité lui est offerte de la renouveler mais aussi, désormais, de la valoriser par le label. Dans le respect de la charte sur la durée comme dans la préparation à la labellisation, l’UIMM 86 est toujours là pour accompagner les candidats. »