A quoi servent les chambres consulaires ?

Elles sont de Commerce et d’Industrie, de Métiers et de l’Artisanat ou encore d’Agriculture. Elles, ce sont les consulaires, des chambres qui ne se dégonflent jamais lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts des entreprises de leur territoire. 


En période de crise bien plus encore qu’en d’autres temps, les entreprises et l’économie qu’elles abondent ont besoin de repères. De phares capables de guider dans la tempête le dirigeant sans horizon, le vieil artisan sans successeur, le jeune créateur sans argent. Quel sacerdoce que celui-là ! Quelle louable destinée que celle des chambres consulaires ! Oui, des chambres consulaires. Ces établissements publics de l’Etat au statut et à la gouvernance spécifiques, mais aux missions communes de soutien et d’accompagnement aux forces vives de leur territoire.
A l’heure où se fourbissent les armes des candidats déclarés à l’élection présidentielle, le « bon peuple » continue de ressasser son peu de confiance dans la classe politique. C’est tout le contraire du crédit accordé au monde consulaire. Pourquoi ce satisfecit ? Mais pour la simple et bonne raison que les chambres sont menées par des femmes et des hommes représentatifs de l’univers professionnel qu’ils défendent. Par des femmes et des hommes eux-mêmes acteurs de l’économie de leur territoire. Des élus issus du sérail, qui sont ou ont été dirigeants et sont ou ont été par là même confrontés aux difficultés qu’on leur demande d’aplanir. Chambre de Commerce et d’Industrie, Chambre de Métiers et de l’Artisanat et Chambre d’Agriculture sont de fait des partenaires privilégiés de toutes les entreprises, quelles que soient leur taille et leur activité. « Notre rôle, explique Catherine LATHUS, c’est avant tout d’écouter et de conseiller pour mieux répondre aux préoccupations du plus grand nombre. » D’en être les relais et, mieux encore, les ardents défenseurs, notamment auprès des collectivités locales et des pouvoirs publics.
De la création à la transmission, des phases d’investissement aux velléités de reprise, les consulaires ont vocation à accompagner tous les projets, prenant ainsi une part prépondérante dans le développement économique de la Vienne. « Nous sommes également garants d’une certaine cohérence dans les actions à mener et les aides à apporter aux TPE-TPI, PME-PMI, entreprises artisanales, exploitations agricoles, majoritaires dans le département, et les grandes entreprises, également constitutives du tissu local », poursuit la présidente de la CCI 86.
Enfin, et serait-on presque tenté d’écrire surtout, les chambres consulaires, promotrices des métiers et des filières, ont dans leur ADN commun de valoriser l’effort de formation, en et hors entreprise, de l’apprentissage, de l’alternance au sens large… De tout ce qui fait aujourd’hui la richesse de l’accompagnement de ceux, jeunes et moins jeunes, qui veulent apprendre et grandir, à chaque étape de leur vie…

Des chiffres et des hommes

A elles deux, la Chambre de Commerce et d’Industrie et la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Vienne défendent les intérêts de plus de 28 000 entreprises. De nombreux chiffres illustrent le poids, essentiel, de ces deux institutions sur l’économie départementale. En avant, marche !…

18 920

Comme le nombre d’établissements actifs sur les 19 542 inscrits à la CCI de la Vienne. 48% d’entre eux (soit 9 240 au total) relèvent du secteur des services, 32% (6 243) du commerce et 20% (4059) de l’industrie. Ce total a enregistré une hausse de 32% au cours des cinq dernières années, avec quelque 1 200 créations d’entreprises en moyenne chaque année. Ces établissements emploient 85 700 salariés, effectifs en hausse de 9% sur la précédente mandature. 

9 000

La CMA de la Vienne représente environ 9 000 artisans immatriculés au registre du commerce, dont 260 métiers d’art et 232 maîtres-artisans. Elle fait en outre travailler une centaine de collaborateurs sur deux sites : au siège de la Chambre, dans le quartier du Touffenet, et au Campus des Métiers de Saint-Benoît.

1 036 

A mi-janvier, le Campus des Métiers de Saint-Benoît comptabilisait 1036 apprentis, contre 903 à la même date de 2021. Parmi les formations proposées, certaines se rallient les suffrages d’un nombre de jeunes en constante progression, à l’image de la boulangerie-pâtisserie-chocolaterie, dont les effectifs ont doublé en dix ans, ou encore des mentions complémentaires électricité et coiffure et du CAP maintenance automobile, hélas régulièrement contraints de refuser des inscriptions, faute de places disponibles. 

36

A l’échelle du département, l’Assemblée de la CCI est composée de trente-six élus pour cinq ans : neuf pour représenter le commerce, quatorze l’industrie, treize les services. Le Bureau (Conseil d’Administration) est composé de dix élus maximum. Des chefs d’entreprise extérieurs sont nommés comme membres associés pour apporter leurs compétences techniques ou sectorielles.

5

La Chambre de la Vienne est considérée comme la 5e « puissance économique » des treize CCI recensées en Nouvelle-Aquitaine. A titre d’exemple, si elle ne se classe que 8e sur 13 au nombre d’établissements représentés, le poids fiscal de ses entreprises et leurs effectifs salariés la situent au 4e et au 3e rang régional.

Elle est en outre la 4e CCI la mieux dotée en nombre de sièges à l’assemblée régionale : 7 sur 107.

1

Comme le 1er janvier 2021, date à laquelle la CMA de la Vienne est officiellement entrée dans le giron de la CMA de région Nouvelle-Aquitaine, aux côtés des onze autres chambres départementales historiques. A ce jour, ladite chambre régionale représente 165 000 entreprises artisanales et 202 000 salariés, fonctionne avec trois cents élus et 1 550 collaborateurs, s’appuie sur trente-six points de contact (sièges départementaux, antennes, sites de formation…) et un organisme régional de formation certifié Qualiopi. Réparti sur 30 sites, il abrite 28% des effectifs apprentis de Nouvelle-Aquitaine, soit 12 000 personnes.

Des missions et des actions

Tout à la fois accélératrices de compétitivité et porte-parole de l’entreprise, opératrices de formation et actrices de l’attractivité territoriale, CCI et CMA ont bien plus que des missions communes à faire valoir. Elles savent aussi se retrouver dans l’élaboration d’actions collectives. Eclairage…

Chambre de Commerce et d’Industrie et Chambre de Métiers et de l’Artisanat partagent les mêmes missions « régaliennes ». Accompagnement des entreprises (création et transmission-reprise, adaptabilité aux mutations énergétiques et numériques…), défense de leurs intérêts auprès des pouvoirs publics et œuvre de formation sont en effet les trois piliers communs aux deux institutions. 

Parce qu’elles « tendent vers le même but de contribuer au développement économique local », dixit Catherine LATHUS, CCI et CMA 86 sont régulièrement consultées sur de grands projets d’aménagement territorial, comme ce fut le cas, ces derniers mois, sur le dossier brûlant de l’autoroute entre Poitiers et Limoges. Elles s’engagent également à longueur d’année dans des opérations concertées de soutien aux entreprises. « Cette coopération, poursuit la présidente nouvellement élue, se déploie sur tout le département, sous forme d’échanges et de travaux menés en bonne intelligence. La CMA et nous sommes souvent positionnées sur des actions et des programmes locaux, régionaux, voire nationaux, avec les mêmes commanditaires-financeurs, ce qui nécessite une bonne coordination vis-à-vis des entreprises ayant une double inscription. »

Au chevet de la création-reprise

A titre d’exemple, les deux chambres ont mené conjointement, l’an passé, dans le cadre du plan de relance de l’Etat en faveur du commerce de proximité et de l’artisanat, des actions concrètes d’accompagnement des commerçants et artisans vers la transition numérique. Dans la même logique, en 2022, elles éveilleront leurs ressortissants à la nécessité de mieux intégrer l’écologie à leur quotidien.

En matière d’aide à la création et/ou à la reprise aussi, de nombreuses collaborations se nouent. CCI et CMA co-animent ainsi des demi-journées d’information sur le sujet à Poitiers, mais aussi Châtellerault, Montmorillon et Loudun. Elles assurent par ailleurs la direction bicéphale du groupement Vienne d’« Entreprendre à vos côtés », dispositif régional d’accompagnement à la création-reprise, et la co-organisation du traditionnel rendez-vous annuel du Forum Entreprendre, lui-même dédié à la thématique de la création-reprise. 

Bien qu’elles aient « encore des progrès à accomplir dans [notre] leur approche commune des actions à mener en faveur des entreprises », reconnaît Karine DESROSES, les chambres consulaires semblent déterminées à œuvrer aussi souvent que possible de concert. Dans le respect de leurs missions et le bien de tous ceux qu’elles représentent, accompagnent et défendent.

« Des synergies plus affirmées sur les programmes et opérations menées avec les mêmes commanditaires-financeurs pourraient favoriser une économie de moyens. »
Catherine LATHUS, présidente de la CCIV.

INTERVIEW

KARINE DESROSES: 

« Pour une économie
de la connaissance »

Karine DESROSES est repartie, en fin d’année, pour un deuxième mandat de cinq ans à la tête de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Vienne. Un sacerdoce en forme de profession de foi pour la pâtissière de Montmorillon, plus déterminée que jamais à défendre le savoir-faire et porter haut la voix des artisans du département.

Y a-t-il des chantiers incontournables à engager (ou à poursuivre) dans ce second mandat personnel ?

« Nos « mandants » sont particulièrement concernés par des enjeux aussi importants que la transition numérique et le développement durable. Aussi allons-nous intensifier les missions de nos experts en matière de diagnostics numériques et dans la mise en œuvre de solutions au sein des entreprises artisanales. L’accès à de nouveaux marchés, la relation client et le développement de nouveaux services constituent le fer de lance de notre action, car les outils numériques ne doivent pas rester l’apanage des grandes entreprises. Il existe des solutions pour permettre aux artisans de renforcer -encore !- les valeurs de proximité et de qualité qu’ils incarnent. »

Quelle est votre vision à cinq ans de la situation économique du territoire ?

« Je constate tous les jours que notre département compte un certain nombre de « pépites », des entreprises qui innovent et créent de la valeur ajoutée et des emplois qualifiés. Et, justement, en termes de qualification, il est primordial que nous développions ce concept d’économie de la connaissance. Pour cela, il faut que nous mettions nos forces en commun pour valoriser toutes les formations de notre bassin d’emploi, mettre en avant le fait que nous disposions de filières entières de formation recouvrant un éventail complet de diplômes, de titres ou d’autres qualifications. C’est d’ailleurs la dynamique que j’ai initiée en créant le Salon de l’Apprentissage et de l’Emploi, qui connaîtra sa 3e édition, les 11 et 12 mars prochains, au Parc des Expositions de Poitiers. 

Tous les acteurs de la formation, du CAP à Bac +5, ont intérêt à travailler ensemble, car il ne peut y avoir de développement économique sans qualification de la main-d’œuvre. »

Qu’a changé pour vous la régionalisation opérée en 2021 ?

 « Penser global, agir local ! C’est tout l’enjeu de la régionalisation mise en œuvre par notre réseau il y a tout juste un an. Passer d’une chambre de 115 collaborateurs et 9 000 artisans à une structure de 1600 salariés représentant les intérêts d’environ 150 000 ressortissants n’a rien d’une sinécure. Mais c’est sans doute le prix à payer pour obtenir une « force de frappe » plus importante. La réforme territoriale induite par la loi NoTRE ne s’est pas opérée en quelques jours. La « mue » de notre réseau, générée par la loi PACTE, ne se fera pas d’un simple claquement de doigts non plus. Je reste confiante et on peut espérer que les outils que nous sommes en train de mettre en œuvre (offre globale de services, gestion de relation client, expertises croisées, etc.) seront rapidement opérationnels. »

CATHERINE LATHUS : 

« Des services à mieux
faire connaître »

Dirigeante, depuis 2001, de Moreau-Lathus, entreprise générale du bâtiment implantée à Iteuil, Catherine LATHUS est, depuis novembre dernier, la nouvelle présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Vienne. Son cheval de bataille : mieux faire connaître l’action et le rôle de l’institution auprès du grand public et des dirigeants eux-mêmes.

Quelles priorités d’action le mandat qui s’ouvre devra-t-il mettre en avant ?

« Mes équipes et moi-même avons l’ambition de permettre à un maximum d’entreprises du territoire de mieux connaître, de mieux comprendre et de mieux utiliser les différents services que met à leur disposition la chambre, notamment en matière de formation et d’aide au développement économique. Nous constatons que que notre rôle, nos actions et l’aide que nous pouvons apporter sont encore trop méconnus, y compris des entreprises elles-mêmes. Pour bien sensibiliser et promouvoir, il faut privilégier l’œuvre de proximité, la patience et la ténacité. Nous nous y attellerons.

Plus globalement, il est essentiel que la CCIV consolide les liens patiemment tissés avec les pouvoirs publics et économiques, les institutionnels et les acteurs de terrain. Cette confiance à maintenir passera, aussi, par un renforcement de notre présence et de nos actions au cœur-même du territoire, y compris dans les zones les plus reculées. 

Avant même votre élection, vous évoquiez la nécessité de mieux faire « adhérer » l’offre de formation aux besoins réels des entreprises. Ce sujet est-il toujours d‘actualité ?

« Plus que jamais. L’action de formation, faut-il le rappeler, constitue l’une des principales raisons d’être des CCI. Alors oui, je compte personnellement sur la CCI Vienne Formation et notre CFA -et nous les appuierons dans ce sens- pour élargir le champ des compétences des apprenants et proposer des formations innovantes, différentes, en totale adéquation avec les besoins et attentes de nos entreprises et l’évolution des métiers. 

J’ai plus que jamais la conviction que la formation, quelle qu’en soit la forme, est au cœur du développement des entreprises et que s’impose la nécessité, pour notre territoire, d’avoir une offre plus large et de plus grande qualité encore. »

Cette politique à cinq ans entraînera-t-elle de fait des changements dans le mode opérationnel de la Chambre ?

« C’est l’apanage de toute nouvelle équipe que de mettre en lumière de nouvelles compétences. Les élus qui m’entourent n’ont pas qu’une tête et un nom à faire connaître, ils ont aussi des expériences à partager et des idées à formuler… Je mise justement sur cette fusion des compétences et ce renouvellement d’idées pour réinventer les modes de communication, en interne comme en externe, pour consolider, aussi, les relations, que le temps a parfois distendues, entre élus et collaborateurs. Je suis certaine que cette bonne entente est à sublimer pour offrir à nos entreprises le meilleur service que l’on puisse imaginer. »

LEURS PRIORITÉS POUR DEMAIN.

Karine Desroses : 

« Tisser, à travers l’action de nos ambassadeurs, des liens encore plus étroits avec les collectivités territoriales. Avec elles, et grâce à elles, nous serons en mesure de promouvoir l’image d’excellence de l’artisanat, qui représente une valeur ajoutée exceptionnelle dans les territoires. »

 « Consolider la position du réseau des CMA comme premier prestataire de l’apprentissage à l’échelle nationale, grâce au développement de formations adaptées aux différentes catégories de publics que nous accueillons. »

 « Mieux accompagner techniquement la mise en œuvre, au sein des entreprises, des outils permettant l’intégration de la dimension environnementale des activités déployées. »

Catherine Lathus :

 « S’appuyer sur la Maison de la Formation pour proposer aux entreprises de la Vienne des formations en forte adéquation avec les compétences d’aujourd’hui et de demain, recherchées par les entreprises du territoire. »

 « Développer et renforcer la cohésion économique, en fédérant l’ensemble des parties prenantes de cette économie dans le territoire. Plus que jamais, la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Vienne doit être une facilitatrice du « travailler ensemble. »

 « Être acteur, et les promouvoir, de l’ensemble des projets structurants engagés dans le département. Ce dernier doit devenir un territoire d’excellence, notamment dans les domaines du numérique, de la transition énergétique et des mobilités. »

qui sont-elles ?

1972

L’année de naissance, à Ligugé, de Karine Bouquet, épouse Desroses. Titulaire d’une maîtrise d’histoire contemporaine, cette dernière est à la tête, avec son mari, d’une pâtisserie-chocolaterie ouverte en 2005.

2001

La date à laquelle Catherine Lathus a pris, seule, la direction de l’entreprise générale du bâtiment Moreau-Lathus (102 salariés aujourd’hui), au relais de son époux Fabrice, lui-même petit-fils du cofondateur, André Lathus.

2016

Le début du premier mandat d’élue de Catherine Lathus à la CCI. Par ailleurs secrétaire du MEDEF, la native de Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, a également été vice-présidente de la Fédération du Bâtiment 86.

2021

L’année de toutes les consécrations pour Karine Desroses qui, avant d’être réélue à la CMA 86, est devenu 3e vice-présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, en charge de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’emploi.